Galland, Antoine (1671)
Antoine Galland (v. 1646-1715), érudit, orientaliste, antiquaire du Roi et traducteur (Les mille et une nuits) est à l’origine de l'entrée dans les collections françaises de nombreux manuscrits grecs et orientaux. Devenu bibliothécaire et secrétaire pour les correspondances latine et grecque du marquis de Nointel, ambassadeur de France auprès de la Porte, il accompagne ce dernier dans ses voyages entre 1670 et 1673, en particulier lors de la visite de Nointel aux îles des Princes le 20 juillet 1671, dont une relation très précise est donnée par Nointel dans la Perpetuité de la foi de l'Église catholique touchant l'Eucharistie (1674) mais à laquelle Antoine Galland ne fait qu'une vague allusion dans son Journal (qui ne commence qu'en 1672).
À cette occasion, les deux hommes se sont fait prêter, au monastère de la Panaghia et à celui de la Sainte-Trinité, des manuscrits qu'ils ont emportés à Péra, où ils logeaient, et où Galland aura eu le temps de les examiner en détail. Les notes qu'il prit alors sont conservées aux ff. 63-70 du manuscrits de Paris, BNF, lat. 13074 (édition prochainement disponible dans inventaires).
Entre 1672 et 1673, Galland séjourne à Istanbul à la recherche d’objets d’art, de médailles et de manuscrits pour la Bibliothèque du Roi.
Quelques années plus tard, il entreprend deux autres voyages dans l’Empire ottoman : en 1675-1676, à la recherche de médailles, puis à partir de 1679, accompagnant l’ambassadeur Gabriel de Guilleragues, successeur de Nointel. Pour ce séjour, qui se prolonge jusqu’en 1688, Galland part muni d’instructions bien précises de Colbert pour la recherche de manuscrits grecs, arabes et persans (lettre citée dans H. Omont, Missions archéologiques françaises en Orient aux XVIIe et XVIIIe siècles, t. I, Paris, 1902, p. 203-207).
Texte français:
Entre les isles qui sont dans la mer de Marmara vis-à-vis de Constantinople, à dix-huit milles de distance et à l’entrée du golfe de Nicomédie, il y en a une que les Grecs nomment χαλκή où il y a un monastère connu sous le nom de la Trinité, où j’aie veu une belle quantité de manuscrits des Pères de l’Eglise. Il est vray que lorsqu’on fit la proposition d’en vouloir achepter, les Caloïers n’ont pas voulu en entendre parler. Mais, il n’y a rien dont on ne puisse venir à bout avec de l’argent auprès des Grecs ; mais ils n’ont pas refusé de les laisser voir et examiner quand on voudroit.
Il y a dans la mesme isle un monastère que Panaïoti, drogman du Grand Visir, a fait restablir, avant sa mort, de l’incendie qu’il avoit souffert. J’y ay veu pareillement de bons manuscrits, mais en moindre quantité.
(2) Lettre de Galland à Boivin tirée des Mémoires de Boivin, dans H. Omont, Missions archéologiques françaises en Orient aux XVIIe et XVIIIe siècles, t. I, Paris, 1902, p. 200 (= Paris. nov. acq. franc. 1328, f. 249v):
[Boivin] : J’ay de luy [Galland] une lettre latine, datée de Caen, du 27 juillet 1698, dans laquelle il dit qu’étant dans l’isle de Chalcé, il y avoit rencontré deux manuscrits : "Codicem unum tantum videram, dit-il, in monasterio, quod in insulâ Chalce situm est, qui Joannis Climaci Scala videbatur ; principio enim carebat. Et alterum λόγων ἀσκητικῶν Isaaci, metropolitæ Nisibensis." Il adjoute qu’ayant eu cet exemplaire pour un Nouveau Testament de l’édition de Plantin, il l’avoit mis dans la bibliothèque de M. Colbert avec les Commentaires d’Eusèbe sur la création, la Vie de Constantin et quelques autres volumes, tant grecs ou hébreux. Que dans l’isle de Prote il avoit veu plusieurs manuscrits, et que, n’ayant pas le loisir de les examiner la première fois qu’il étoit allé avec M. de Nointel, il y étoit retourné une seconde fois, mais que les moines, qui seuls habitoient cette isle, luy avoient nié impudemment qu’ils eussent aucuns manuscrits en leur possession.