Hammer-Purgstall, Joseph von (1803)

Joseph von Hammer-Purgstall
Date inventaire : 
1803

Mai 1804

Né à Graz en 1774, le diplomate et orientaliste Joseph von Hammer entre à l’Académie impériale de l’Orient où il étudie le français, le latin, le grec, le turc, le persan et l’arabe. Entre 1799 et 1807 il effectue un séjour au Levant et passe deux années (1802-1804) comme secrétaire de la légation autrichienne à Constantinople. Après son retour en Autriche, son conflit avec Metternich empêche sa carrière d’évoluer. Responsable des bibliothèques sous l’occupation napoléonienne, il est également auteur de plusieurs ouvrages sur l’Orient ainsi que de traductions d’œuvres orientales en allemand. En 1835 il obtient le titre de baron von Hammer-Purgstall. En 1837, il voit se réaliser son projet de création d’une Académie des Sciences, dont il est le premier président de 1848 à 1849. Il meurt à Vienne en 1856.

Dans son récit de voyage, von Hammer-Purgstall relate son achat d'un manuscrit grec dans un monastère de l’île de Chalki (actuel Leipzig, UB, Gab. 19, cf. la description dans le catalogue Teuchos), dont on peut déterminer plus précisément qu’il provient non pas de la Sainte-Trinité mais du monastère de la Panaghia.

Texte français: traduit par Jean-Pierre Grélois

(1) Josef von Hammer-Purgstall, Erinnerungen aus meinem Leben. 1774–1852, bearbeitet von Reinhart Bachofen von Echt, Wien und Leipzig, 1940 (Fontes Rerum Austriacarum. Österreichische Geschichtsquellen, Zweite Abteilung: Diplomataria et Acta, 70), 140-147:

Le reste d’une lettre de Böttiger me donna l’occasion de rechercher et d’obtenir un manuscrit grec dans un monastère de Chalki. Sur proposition de Wieland la duchesse de Weimar avait demandé à Böttiger de m’interroger sur la possibilité de découvrir des manuscrits grecs, et j’eus de ce fait l’occasion de pousser le bibliothécaire du monastère à vendre cet unique manuscrit.

Quatorze jours de mai [1804], les plus beaux du printemps, furent passés cette année par l’ambassadeur de France , l’internonce , la baronne Hübsch  et de nombreux parents de sa maison sur les îles des Princes. Éloignées de Constantinople de seulement deux heures, situées du côté de la côte asiatique, elles ont un climat plus doux que Büyükdere, parce qu’elles sont moins exposées que lui au vent du nord. Plus tard, en été, il y fait moins chaud qu’à [Büyükdere], mais les plus beaux mois y sont mai et septembre. L’air tiède est imprégné des parfums d’herbes odorantes et des exhalaisons résineuses des cyprès et térébinthes. Sur la plus grande île, Prinkipo, de riches Grecs passent leurs vacances de printemps et le premier mai y est salué en tant que génie du printemps par un cortège de jeunes filles. Nous logions sur la deuxième île par la taille, Chalki. Je visitais là souvent les trois monastères, la Trinité, la Sainte-Vierge et Saint-Georges, furetais là pendant les liturgies grecques, et j’achetai le manuscrit grec mentionné ci-dessus. À ce que j’apprends, la magnifique allée de cyprès qui conduisait au monastère a été détruite par les Turcs lors de l’insurrection grecque.

(2) Joseph von Hammer, Constantinopolis und der Bosporos II, Hartleben, Pesth 1822, p. 361-363, 365-367, 369-374.

1. Protè.

Elle s’appelle la Première, parce que de tout l’archipel elle est située en premier et qu’elle est tout près de Constantinople. Il s’y trouve les ruines du monastère et de l’église qu’y édifia l’un des plus malheureux empereurs byzantins, Romain Diogène […].

2. Antigone

Cette île, appellée chez Pline Erebinthus et en turc Burgaz adası, se nommait au temps de l’Empire byzantin Panormos [...]. L’actuel nom turc s’explique par les circonstances conservées par les topographes byzantins, à savoir que jadis s’élevait un grand château (Panormon kastron) […]. Cet ancien château est à l’origine du nom de Burgaz adası, c’est-à-dire l’île du Château. Ses ruines sont à rechercher sur le rivage, car au sommet de la colline située au milieu de l’île, où subsistent une muraille isolée et des citernes, ce sont celles d’un monastère […].

3. Chalki

La Chalkitès d’Étienne de Byzance, et la Chalcitis de Pline tirent leur nom des anciennes mines que l’on exploitait jadis et dont la meilleure preuve est la roche cuivreuse qui se trouve dans toute l’île, surtout vers le port de la Panaghia à l’air libre. Par la disposition enchanteresse de ses collines et de ses ports, ses bois de pins pignons et avec ses hauteurs riches en herbes aromatiques, cette île est la plus agréable de tout l’archipel, au milieu duquel elle est située […]. L’île, qui a pratiquement la figure d’un triangle […], possède trois collines et trois monastères, la Sainte-Vierge, Saint-Georges et la Sainte-Trinité. Le monastère Saint-Georges a la plus belle situation, et une magnifique allée de cyprès mène à celui de la Sainte-Trinité.

4. Platée

De loin mieux apte à être un lieu de bannissement que les îles précédentes et que la suivante, est celle […] qui se situe sur la mer devant Protè, Platée, c’est-à-dire la Plate, dépourvue de tous agréments, qui évoque plutôt l’idée de ces rochers de la mer Tyrrhénienne ou de la mer Égée qui, sous les empereurs romains, étaient remplis de bannis […].

5. Oxie

Ainsi s’appelle le deuxième îlot rocheux après Platée, situé devant l’archipel des grandes îles, lequel semblait, de par sa stérilité et ses écueils, un lieu de châtiment et de supplice, le plus convenable à la tyrannie […]

6. Pite

signifie l’île des Pins, probablement d’après les pins qu’elle portait jadis [...]

7. Antirovithe et 8. Néandre

Les deux Rhodussæ de Pline se situent derrière la grande île du Prince, au sud, comme des postes de garde devant elle du côté de l’Hellespont, de même qu’Oxie et Platée du côté nord en face du Bosphore. Ce ne sont que des rochers nus, […] habités seulement par des lapins, du fait de qui elles ne sont visitées que de temps en temps par les amateurs de ce genre de chasse ou de capture.

9. Prinkipo

Ainsi s’appelle la grande île du Prince […]. En turc on l’appelle Kızıl Ada, c’est-à-dire l’île Rouge, à cause de la couleur rouge de ses collines. Chalkè et Prigkipos sont situées juste en face l’une de l’autre, séparées seulement par un petit détroit. L’île du Prince se déploie en longueur du nord vers le sud-ouest sur environ 3 lieues. Dans le sens de la largeur, elle est divisée par une profonde vallée encaissée, bordée des deux côtés par des rangées de collines dominantes. Au nord et au sud la vallée débouche sur des baies ; on trouve aussi des traces d’exploitation minière sur celle du nord. Le sol, calcaire et quartzeux, porte partout des traces de fer, souvent à l’état pur, mais le plus fréquemment à celui d’oxyde noir. Les traces de métal sur le versant nord-ouest se trouvent en face de celles de Chalkè, près du monastère Saint-Nicolas […]. Ici aussi se trouvent près du monastère du Christ des pierres ponces, des scories et autres productions volcaniques, de même que près du monastère Saint-Nicolas à Chalki. Le grand village situé du côté nord porte le même nom que l’île, et ses trois monastères sont situés comme ceux de Chalkè, deux en hauteur et un dans la plaine.

Elle se distingue grandement de toutes les autres îles par une agriculture soignée, par une suite variée de plantations d’oliviers et de grenadiers, de vignes et de cyprès, tandis que la partie sud n’est pas moins sauvage que celle de Chalkè. Plus d’un sentier conduit d’un monastère à l’autre, et la solitude très rocailleuse du côté sud n’est pas moins romantique que la vallée cultivée du nord. Si l’on se rend de la côte sud-est vers le monastère Saint-Nicolas, on trouve à quelques centaines de pas au-dehors du village du même nom les restes de bâtiments anciens, dont quelques-uns semblent avoir été les fondations d' entrepôts, d’autres d’anciennes tours. On se trouve ici juste en face de l’île des Lapins (Antérobinthos), qui est à la même distance que Chalkè, à savoir une lieue. Plus loin du côté de la pointe sud-ouest de l’île se trouve le monastère Saint-Georges […]. Devant se trouve la petite île de Néandros. Du monastère Saint-Georges au monastère du Christ mène par le milieu de la longueur de l’île un chemin romantique. Deux fontaines embellissent le sentier par leur […] situation romantique : la première, ombragée par des platanes, au plus profond de la vallée encaissée dont les parois sont vêtues de sapins et de térébinthes ; la seconde entourée de gazon sur lequel les habitants ou les visiteurs venus de la Ville se réunissent pour converser entre eux. De même que Belgrat est dans la seconde moitié de mai le paradis des Arméniens, de même Prigkipos est dans la première moitié de ce mois printanier le paradis des Grecs, et les Francs partagent en ces deux endroits les joies de société qu’ils offrent.

Texte allemand :

(1) Josef von Hammer-Purgstall, Erinnerungen aus meinem Leben. 1774–1852, bearbeitet von Reinhart Bachofen von Echt, Wien und Leipzig, 1940 (Fontes Rerum Austriacarum. Österreichische Geschichtsquellen, Zweite Abteilung: Diplomataria et Acta, 70), 140-147

Der Nachsatz eines Briefes von Böttiger veranlaßte mich zur Nachsuche und Erwerbung einer griechischen Handschrift in einem Kloster auf Chalki. Auf Wielands Anregung hatte die Herzogin von Weimar Böttiger angegangen, mich um die Möglichkeit der Auffindung griechischer Handschriften zu befragen, und dadurch wurde ich veranlaßt, dem Bibliothekar des Klosters zum Verkaufe dieser einen Handschrift zu bewegen.

Vierzehn Tage des Mai, die schönsten des Frühlings, brachten dieses Jahr der französische Botschafter, der Internuntius, die Baronin Hübsch und mehrere Verwandte ihres Hauses auf den Prinzeninseln zu. Nur zwei Stunden von Konstantinopel entfernt, auf der Seite der asiatischen Küste gelegen, haben sie ein milderes Klima als Bujukdere, weil sie weniger als dieses den Nordwinden ausgesetzt sind. Später, im Sommer, sind sie weniger heiß als dieses, aber die schönsten Monate auf ihnen sind der Mai und der September. Die laue Luft ist von den Düften wohlriechender Kräuter und von den harzigen Ausdünstungen der Zypressen und Therebinthen geschwängert. Auf der größten Insel Prinzipo verbringen reiche Griechen ihre Frühlingsferien, und dort wird der erste Mai von den jungen Mädchen mit einem Reigen als Genius des Frühlings begrüßt. Wir wohnten auf der zweitgrößten Insel Chalki. Dort besuchte ich oft die drei Klöster zur heiligen Dreifaltigkeit, zur heiligen Jungfrau und zum heiligen Georg, stöberte dort unter griechischen Liturgien herum und kaufte die oben erwähnte griechische Handschrift. Wie ich höre, ist inzwischen die herrliche Zypressenallee, die zum Kloster führte, im griechischen Aufstand von den Türken zerstört worden.

(2) Joseph von Hammer, Constantinopolis und der Bosporos II, Hartleben, Pesth 1822, p. 361-363, 365-367, 369-374.

(1) Prote

Sie heisst die Erste, weil sie von der ganzen Inselgruppe die erste, und Constantinopel zunächst gelegen ist. Auf derselben befinden sich die Ruinen des Klosters und der Kirche, welche einer der unglücklichsten Byzantinischen Kaiser Romanus Diogenes hier erbaute. […]

(2) Antigone

Diese Insel, welche beym Plinius Erebinthus, und auf Türkisch Burghaz adassy heisst, hiess zur Zeit des Byzantinischen Reichs Panormos oder Therebinthos. Der heutige türkische Nahme lässt sich aus dem, durch die byzantinischen Topographen bewährten Umstande erklären, dass hier ehemals ein grosses Schloss (Panormum castrum) stand […] Dieses alte Schloss gab die Veranlassung zum Nahmen Burghas adassi, d. i. die Insel des Schlosses. Die Ruinen desselben sind an den Ufer zu suchen, denn die auf der Höhe des Berges, in der Mitte der Insel gelegenen, wovon noch einzelnes Gemäuer und Cisternen übrig, sind die eines Klosters […]

(3) Chalki

Die Chalkites des Stephanus von Byzanz, und die Chalkitis des Plinius hatte ihren Nahmen von den alten Erzgruben, welche ehemals hier bearbeitet wurden, und wovon das, auf der ganzen Insel, besonders in der Gegend des Hafens der heil. Jungfrau (Panagia) zu Tag liegende kupferhältige Gestein den grössten Beweis liefert. Diese Insel ist durch die zauberische Lage ihrer Hügel und Häfen, ihrer Pinienhaine, und mit wohlriechenden Kräutern reich bewachsenen Anhöhen die anmuthigste der ganzen Inselgruppe, in deren Mitte sie liegt. […] Die Insel, welche fast die Gestalt eines Dreyeckes hat wie Trinakrien, hat drey Hügel und drey Klöster : zur heiligen Jungfrau, zum heiligen Georg, und zur heilige Dreyfaltigkeit. Die schönste Lage hat das Kloster des heiligen Georg, und zu dem der heiligen Dreyfaltigkeit führt eine herrliche Cypressenallee.

(4) Plate

Weit geeigneter zu einem Orte der Verbannung als die vorhergehende Insel und als die folgende, ist die hier dem Leser, und auf dem Meere der Insel Prote vorliegende "Plate", d. i. die Platte, welche von allen Annehmlichkeiten entblösst, schon mehr die Idee jener Felsen des tyrrhenischen und ägäischen Meeres erweckt, welche unter den römischen Kaisern mit Verbannten angefüllet wurden […]

(5) Oxeia

So heisst die zweyte kleine, nächst Plate vor der Gruppe der grösseren Inseln gelegene Felseninsel, welche, durch ihre Unfruchtbarkeit und ihre Klippen, aus allen zu einem Orte der Strafe und Pein, der Tyranney am schicklichsten dünkte […]

(6) Pyti

heisst die Fichteninsel, vermuthlich von den Fichten, welche dieselbe ehemals trug […]

(7) Antirobidos und (8) Niandro

Die beyden Rhodussen des Plinius, liegen hinter der grossen Prinzen-Insel, südlich, gleichsam als Wachposten vor derselben von der Seite des Hellesponts, wie  Oxeia und Plate auf der nördlichen Seite gegen den Bosporos. Dieselben sind blosse nackte Felsen, […] die nur mit Kaninchen bevölkert sind, wesshalben dieselben nur zuweilen von Liebhabern dieser Jagd oder solchen Fangs besuchet werden.

(9) Prinkipo.

So heisst die grosse Prinzen-Insel […]  Auf türkisch heisst dieselbe Kisil ada,  d. i. die rothe Insel von den rothen Farbe ihrer Gebirge. Chalke und Prinkipos sind einander gerade gegenüber, nur durch eine schmale Meerenge getrennt. Die Prinzen-Insel läuft in der Richtung von Norden nach Südwesten in der Länge von beyläufig drey Meilen. Der Breite nach ist dieselbe durch eine tiefe Thalschlucht getrennt, auf beyden Seiten durch zusammenshängende Hügelreihen gebildet. Nördlich und südlich läuft die Thalschlucht in eine Bucht aus, an deren nördlicher sich Spuren von Metallgruben befinden. Der Boden ist kalkig und quarzig und trägt überall die Spuren von Eisen an sich, das sich oft in reinen Zustande zeigt, meistens aber schwarz oxydirt erscheint. Die Metallspuren auf der nordwestlichen Seite liegen denen von Chalke beym Kloster des heil. Nicolaus gerade gegenüber […]  Auch hier finden sich beym Christuskloster Bimssteine, Schlacken, und andere vulkanische Producte, wie beym Nicolaikloster auf Chalke. Das auf der Nordseite gelegene grosse Dorf trägt denselben Nahmen wie die Insel, und die drey Klöster desselben sind wie die auf Chalke gelegen, zwey auf der Höhe, und eines in der Ebene. Sorgfältige Cultur gibt derselben grössere Abwechslung als irgend einer der anderen Inseln, durch mannigfaltige Folge von Oliven- und Granatenpflanzungen, von Reben und Cypressen, und der südliche Theil ist nicht minder wild, als der von Chalke. Mehr als ein Pfad führt von einem Kloster zum andern, und die felsigste Wildniss auf der Südseite ist nicht minder romantisch als das bebaute Thal gegen Norden. Wenn man sich von der südöstlichen Küste nach dem Kloster des heil. Nicolaus begibt, findet man einige hundert Schritte ausser dem Dorfe gleiches Nahmens Reste alter Bauten, deren einige die Grundfeste von Magazinen, andere von alten Thürmen gewesen zu seyn scheinen. Hier befindet man sich gerade gegenüber der Kanincheninsel (Antirobithos), die in gleicher Entfernung wie Chalke, nähmlich eine Meile weit absteht. Weiter hinaus gegen die südwestliche Spitze der Insel liegt das Kloster heil. Georgs […]. Hier liegt die kleine Insel von Niandro vor.

Von dem Kloster der Heil. Georg nach dem Christuskloster führt ein romantischer Weg mitten durch die Länge der Insel. Zwey Brunnen verschönern den Pfad durch ihre romantische Lage ; der erste, von Platanen beschattet, in der tiefsten Tiefe der Thalschlucht, deren Wände mit Tannen und Terebinthen bekleidet sind, der zweite, mit Rasen umgeben, auf dem sich die Bewohner oder die städtischen Besucher zum gesellschaftlichen Gespräche vereinen. Wie Belgrad in der zweyten Hälfte des Mays das Paradies der Armenier ist, so ist Prinkipo in der ersten Hälfte dieses Frühlingsmonaths das Paradies der Griechen, und an beyden Orten theilen die Franken die gesellschaftlichen Freuden dieser beyden […]