Dallaway, James (1796)

James Dallaway
Date inventaire : 
1796

Entre 1794 et octobre 1795

Né à Bristol en 1763, James Dallaway étudie à la Grammar School de Cirensester ainsi qu’au Trinity College d’Oxford. Ordonné diacre en 1785, il exerce son ministère dans le Gloucestershire. Il travaille en même temps sur l’édition de l’Histoire du pays de Gloucester, œuvre laissée inachevée par R. Bigland et publie des travaux sur l’héraldique. En 1789, Dallaway devient membre de la Society of Antiquaries of London puis, en 1793, il revient à Oxford où il étudie la médecine. 
Sur recommandation de Charles Howard, duc de Norfolk et Comte Maréchal, il est envoyé en 1794 à Constantinople comme chapelain et médecin de l’ambassade britannique conduite par Robert Liston. De son voyage vers la capitale ottomane à travers les Balkans, son séjour à Constantinople même qu’il quitte au mois d’octobre 1795, et son retour en Angleterre par les îles grecques et l’Italie, Dallaway publie deux ouvrages : Constantinople, ancient et modern, with excursions to the shores and islands of the archipelago and to the Troad, en 1797, et Itinerary, rapport détaillé sur les Balkans, en 1805. Après son retour, il occupe le poste de secrétaire du Comte Maréchal et publie plusieurs travaux, en particulier sur l’histoire, les arts et l’architecture. Il meurt en 1834.


Texte français : traduction J.-P. Grélois 
Constantinople Ancient and Modern, with Excursions to the Shores and Islands of the Archipelago and to the Troad. By James Dallaway. M.B. F.S.A. late Chaplain and Physician of the British Embassy to the Porte, T. Cadell Junr & W. Davies, Londres 1797, p. 130-134.

Du Champ des Morts [sur la hauteur à l’ouest de Péra], les îles des Princes ferment une perspective fort enchanteresse et, bien que distantes de 12 miles, sont parfaitement visibles. On en compte quatre et leur situation peut être décrite à un lecteur anglais en supposant l’île de Wight, telle qu’on la voit depuis Portsmouth, divisée en quatre parties dont chacune serait en continuité avec les autres.
    Protè, la première, est couverte de landes et inculte ; elle fait près de 3 miles de pourtour. Son port est aujourd’hui comblé et la localité, avec ses deux monastères, est détruite. Cette île présente deux sommets, l’un vers le nord, l’autre dans la direction opposée. On peut toujours y voir deux grandes citernes qui appartenaient jadis aux couvents. 
    Entre le nord et le sud se trouvent les îles de Platée et Oxie ; la seconde est un rocher abrupt, plus élevé que le niveau des collines de Constantinople, qui abonde en huîtres d’une délicate qualité. 
    Antigone est presque aussi désolée que Protè et consiste principalement en escarpements abrupts abondamment couverts d’arbousiers, de romarin et du ciste à gomme dont on récolte le ladanum. Sur un sommet se dressent les ruines considérables des voûtes et de la coupole d’une grande église.
    Un mile plus loin se trouve Chalki, l’ancienne Chalcitis, ainsi nommée en tant qu’elle est un rocher de minerai de cuivre tenu durant l’Antiquité en grande estime pour la qualité de son métal. On conservait une statue faite de son bronze dans le temple d’Apollon à Sicyone.
    Les Turcs négligent complètement la mine […]. 
    Gilles signale que l’on remarquait de son temps des amoncellements de scories de cuivre et de borax, et il suppose que l’on pourrait bien, si l’on examinait le rivage, découvrir l’or mentionné par Aristote. 
    Dans l’île de Chalki se trouvent trois grands monastères qui, sous la protection de Grecs de haut rang, jouissent toujours d’un état florissant, non point tant par le nombre et la discipline des religieux, que par la parfaite réfection de leurs couvents. Les délices de la température, les perspectives d’une variété et d’un intérêt infinis et, plus que tout, l’absence des Turcs constituent aux yeux de nombreux Grecs de qualité des attraits suffisants pour habiter, durant les mois de printemps et d’été, les confortables appartements que l’on trouve dans ces bâtiments. […] 
    En 1729 l’abbé Sevin visita ces monastères à la recherche de manuscrits et, bien qu’il en trouvât plus de deux cents, aucun n’avait plus de trente pages attachées sans mutilation.
    Depuis la colline sur laquelle est situé le monastère de la Sainte-Trinité, se présente une vue sur la mer bornée par le panorama de Constantinople et des rivages opposés, en particulier au coucher du soleil, avec une sublimité qui excède le pouvoir descriptif des mots ou celui du plus heureux des pinceaux. C’est là vraiment la composition de paysage que le monde s’est accordé, à travers tant d’époques, à admirer comme sans rivale.
    Près du plus grand monastère, la Panaghia, le visiteur anglais remarquera la tombe de Sir Edward Barton qui fut le premier ambassadeur auprès de la Porte, envoyé par la reine Élisabeth, et qui mourut là en 1597.
    Prinkipo est la plus grande des îles, et la plus éloignée, tournée vers le golfe de Nicomédie. Elle possède aussi ses couvents qui ressemblent aux autres par leur plan et leur magnifique situation en hauteur ; elle présente les avantages supplémentaires d’un village plus peuplé, de champs cultivés, d’un décor forestier et de vignes. Mais il n’existe pas dans cette île, non plus que sur les rivages voisins de l’Anatolie, de forêts selon la conception anglaise : des plantations de pins assez étendues ne sont pas rares. La coutume prévaut d’y mettre le feu durant les mois chauds, ce qui procure un double profit : on fait du charbon de bois, et l’on favorise la croissance de l’herbe pour un éventuel pâturage, mais le pittoresque est universellement sacrifié.
    Il fut proposé au commencement de ce siècle par Cin Ali paşa, l’impétueux vizir d’Ahmet III, de reléguer tous les envoyés européens en résidence sur ces îles, au lieu de Péra, ce à quoi ils résistèrent avec succès.
    Avec un plus grand sens du libéral et de l’utile, Recep Ali paşa, le vizir de Mustafa III, le père du présent sultan [= Selim III], eut le projet d’un lazaret à Antigone, dans le but humanitaire de procurer un asile à ceux qu’avait infectés la peste, et de pouvoir réduire ses ravages dans Constantinople. Sa mort en 1765 empêcha la réalisation de ce salutaire dessein.

Texte original anglais: Constantinople Ancient and Modern, with Excursions to the Shores and Islands of the Archipelago and to the Troad. By James Dallaway. M.B. F.S.A. late Chaplain and Physician of the British Embassy to the Porte, T. Cadell Junr & W. Davies, Londres 1797, p. 130-134.

From the Campo de’Morti, the Princes’ islands close a most enchanting prospect ; and though twelve miles distant, are clearly conspicuous . They are four in number ; and their situation may be described to an English reader by supposing the isle of Wight, as seen from Portsmouth, to be divided into four parts, each of them being closely contiguous to the other. 
    Protè, the first of them, is heathy and uncultivated, and nearly three miles round. Its port is now filled up, and the town, with two monasteries, is destroyed. This island has two summits, one verging to the north, and the other to the opposite direction. Two large cisterns, once belonging to the convents, are still to be seen. 
    Between the north and south are the islands of Platys and Oxya ; the latter of which is a sharp rock, higher than the level of the hills at Constantinople, and abounds in oysters of a delicate sort. 
    Antigone  is almost as desolate as Protè, and constists chiefly of abrupt cliffs, which are profusely decked with arbutus, rose marine, and the lada, or gum festus, from which the ladanum is collected. On a summit are considerable ruins of the arches and dome of a large church. 
    A mile farther is Khalkè, anciently Chalcitis , so denominated as being a rock of copper ore, held, during the early ages, in the greatest estimation for the quality of the metal. Of the brass a statue was preserved in the temple of Apollo à Sicyone. 
    By the Turks the mine is totally neglected […].  
    Gyllius mentions that heaps of the scoria of copper and borax were to be observed in his time, and conjectures that if the shores were examined, the gold mentioned by Aristotle might be discovered. 
    In the island of Kalkè are three large monasteries, which, under the patronage of the Greeks of rank, are still in a flourishing state, not so much with respect to numbers, or discipline of the religious, as the perfect repair of their convents. The delightful temperature, the prospects, of endless variety and interest, and more than all, the absence of the Turks, are sufficient inducements to many Greeks of quality to inhabit the comfortable apartments found in these buildings during the spring and summer months. […] 
     The Abbé Sevin, in 1729, visited these monasteries in search of manuscripts, and though he found more than two hundred, none had more than thirty leaves together without mutilation . 
    From the hill on which the monastery of the Holy Trinity is situate, a sea view, terminated by the whole sweep of Constantinople and the opposite shores, presents itself, particularly under the setting sun, with a sublimity exceeding verbal painting, or the powers of the happiest pencil. It is indeed that combination of landscape which the world through so many ages has agreed to admire as unrivalled. 
    Near the largest monastery of the Panagia, the English visitant will remark the tomb of Sir Edward Barton, who was the first ambassador to the Porte, sent by Queen Elizabeth, and who died there in 1597. 
    Prinkipò is the largest island, and the most distant, verging towards the gulf of Nicomedia. It has likewise its convents much resembling the others in plan and beautifully elevated situation, and has the farther advantages of a more populous village, cultivated fields, forest scenery, and vineyards. But forests, according to the English idea, do not exist in this island, nor on the contiguous shores of Anatolia ; pine groves of great extent are not uncommon. A custom prevails of setting these on fire, during the hot months, from which two kinds of profit are derived, charcoal is made, and the grass for casual pasture is improved, but the picturesque is universally sacrificed. 
    It was proposed by Djin Hali Pashà, the impetuous visier of Ahmèt III. at the beginning of this century, to confine all the European ministers to residence upon these islands, instead of Pera, which they resisted with success.
    With greater liberality und usefulness, Raghib Pashà, the vizier of Mustafà III. the father of the present sultan, projected a lazaretto in Antigonè, with the humane view of affording an asylum to those infected with the plague, and that its ravages in Constantinople might be lessened. His death in 1765 prevented this salutary scheme.